Cap au nord

13 août.
Nuit tranquille, l’orage est passé.
Cap au nord par la route côtière.
Le temps se dégrade rapidement, arrêt avant le pont Peljeski.
Encore un orage, presque une tempête.
Heureusement que nous étions à l’arrêt au parking avant le pont. Brutales bourrasques qui renversent les 6 WC de chantier provisoires qui font office de WC publics, visibilité nulle pendant quelques minutes.
Constat : prise d’eau au niveau du pare-brise, le joint baille dans les angles supérieurs, fuite à la baie de la dînette, pas cool.
A régler avec la MAIF au retour.
Nous en profitons pour déjeuner.
Le temps se calme, on reprend la route, Ploce, puis l’autoroute pour passer Split.
Avec le long week-end du 15 août qui arrive, les campings en bord de mer sont tous complets.
Le temps est toujours humide.
Mimi navigator trouve un camping perdu dans la campagne à Rupe, le Camp Europa.
L’accueil est sympathique, ils produisent du vin, j’en achète une bouteille.
La bruine s’arrête, on en profite pour étanchéifier provisoirement la baie de la dînette avec le fameux adhésif gris à tout faire.
Au dîner, on goûte le vin, c’est un infâme « bupri* » comme disait ma grand-mère.

*bupri, de la piquette, un mauvais vin acide.

 
14 août.
Le temps s’éclaircit, on reprend le chemin de campagne qui nous conduit tout près de Roski Slap, fameuses chutes d’eau, avec un beau panorama.
On commence à descendre du plateau calcaire qui est entaillé par la rivière Krka.
Sans prévenir le chemin rétréci à 2,20 m de large en sens alterné. Impossible de faire demi-tour.
Je suis piégé comme un suppositoire, il faut avancer !
C’est une espèce de pont sur la Krka, avec des rambardes de chaque côté mais en modèle sinueux.
Je n’en mène pas large au volant.
Le camping-car mesure 2,30 m aux rétros et 6,50 m en longueur.
Ça passe au millimètre ! « Heureusement » que la vitesse est limitée à 20 kmh !
Je voudrais vous y voir à cette allure !
C’est encore trop rapide.
Ça dure environ 300 longs mètres.
Au bout grand ouf de soulagement !
Quelques lacets plus loin on est de nouveau sur le plateau.
Une petite vingtaine de km plus loin on s’arrête à Drnis au supermarché Tommy pour se ravitailler.
Petit parking étroit. C’est dimanche mais c’est ouvert.
Pas de touristes à l’horizon, rien que des locaux.
Sur la route plus loin un tank commémoratif, et des villages vides d’habitants, abandonnés, déportés ? Épuration ethnique ?.
La région a connu d’intenses combats.
Une petite heure plus tard on est posé au Camp Slapovi Krke à Lozovac.
Petit camping tranquille près de l’entrée du Parc de Krka.
Il n’y a que quelques rares campeurs. Repas, après-midi lecture et bulle.
Le soir arrive le propriétaire, on va payer notre écot. C’est un croate de format courant , environ 1,90 m et 110 kg.
A première vue c’est un fan du « colonel Milorad Ulemek » si on se fie au seul livre qui trône sur son bureau, « Le Légionnaire », dont Ulemek est l’auteur.
Mimi a demandé à Google.
Et voilà le résultat :
« Après un braquage échoué, Ulemek s’enfuit en France et rejoint la Légion étrangère en 1986. Il reste pendant 6 ans dans le 2e régiment étranger de parachutistes. Avec le 2e REP, il sert comme traducteur pour l’armée française, au grade de sergent en Yougoslavie.
Lorsque le conflit de Yougoslavie éclate en 1992, il déserte de la légion pendant une permission et revient en Yougoslavie. Il rejoint la garde volontaire serbe sous le commandement de Željko Ražnatović, nom de guerre Arkan.
Ulemek devient commandant d’unité des sinistres « tigres d’Arkan ».
Les « tigres » d’Arkan sont dissous en avril 1996, et tous les membres rejoignent l’armée yougoslave.
La même année, le JSO, unité d’opération spéciale, est fondée.
Il rejoint l’unité et devient dirigeant des « bérets rouges » et colonel de JSO SDB Serbia en 2001.
Les bérets rouges sont utilisés par Milosevic pour les opérations spéciales en Croatie, Bosnie-Herzégovine et au Kosovo.
Jugé en 2005 il est reconnu coupable de l’assassinat du premier ministre serbe Zoran Đinđić et de l’ancien président serbe Ivan Stambolić.
Il est également été reconnu coupable de tentative d’assassinat sur le leader de l’opposition serbe Vuk Drašković
Ulemek est condamné à 120 ans de prison.
Depuis il a écrit plusieurs romans : dont « Le Légionnaire ». »

 

Voili voilà, la guerre laisse des traces aussi dans les esprits.
Mais le camp est propre, bien tenu, bon marché, son propriétaire est avenant. Que demande le peuple ?